Maison des arts et de la culture du Liban
Localisation
Beyrouth, Liban
Maîtrise d’Ouvrage
Ministère de la culture du Liban
Équipe de maîtrise d’œuvre
Ateliers 2/3/4/ (architecte)
Nature du projet
Équipement public, Aménagement Intérieur, Culture, Grands équipements, Programme mixte
Programme
Grande salle de spectacle et de conférences de 800 places.
Salle de cinéma de 200 places.
Salle de spectacle et multimédia de 250 places.
Salle d'exposition. Cafétéria et espaces;
Commerciaux. Centre de Documentation
Cinémathèque et Administration
Prix/Distinctions
Projet mentionné
Mode d’attribution
Concours international
Statut
Concours
Surface
15 000 m²
Calendrier
Concours 2009
MAC BEyTH / Une refondation culturelle
Le MAC BEyTH, est un projet emblématique et identitaire qui s’affirme par la présence sereine d’un monolithe en béton ocre rouge. C’est un bloc régulier et massif, constitué par l’assemblage fractal d’éléments cubiques comme résultant d’une stratification sédimentaire.
Cette masse opaque est érodée, taillé et creusé en son cœur pour laisser place à une vaste cavité minérale. C’est une alcôve urbaine, un lieu public intériorisé qui détermine, rassemble et unifie trois espaces majeurs en dialogue permanent avec la vie et la culture urbaine :
La caverne, grande faille géologique en continuité immédiate avec le parvis qui irrigue l’ensemble des activités culturelles.
Le tapis, icône de légèreté et de liberté accueille la grande salle de spectacle ouverte et flottante entre les deux strates topographiques de la ville.
L’oasis, lieu calme, serein et retiré accueille les fonctions de travail et de formation, tourné vers le ciel il regarde la cité verticale de demain.
Le MAC BEyTH est un bloc tectonique, un vestige ancré dans le site, pourtant il s’expose comme un projet qui dépasse le temps, l’histoire et les religions, c’est un réceptacle intemporel dont les multiples podiums servent de tremplins à l’expression de la diversité culturelle et artistique libanaise.
La caverne, un interstice urbain
La caverne est une vaste cavité en contact immédiat avec le sol de la ville, ses parois périphériques sont constituées d’un empilement d’éléments massifs en béton ocre rouge qui reçoivent l’ensemble des fonctions et des distributions verticales du projet.
On s’y engouffre en empruntant un canyon abrupt et sinueux qui pénètre jusqu’au plus profond du terrain dévoilant petit à petit les éléments du programme. Les éléments servants mineurs (guichets, sanitaires, bar, vestiaires…) se répartissent le long du parcours en se logeant dans les anfractuosités tandis que les éléments majeurs fabriquent de véritables alcôves ouvertes sur la faille primaire. La petite salle de spectacle peut ainsi devenir une excroissance naturelle de l’espace public du hall et du parvis tandis que la salle de cinéma peut être absorbée au grès des besoins par la salle d’exposition ou le hall.
La salle d’exposition est un prolongement de cette faille, c’est une ramification du flux principal, elle s’enroule autours de la salle de cinéma pour aboutir de nouveau dans le hall. Bien qu’appuyée contre le talus du terrain naturel et enchâssée dans la caverne, elle profite d’un éclairage naturel contrôlé qui provient de la façade sud mais abouti filtré à travers les vides percés dans le monolithe.
La Cafétéria est implantée au premier étage, elle comporte une grande terrasse logée en surplomb du niveau d’entrée et en regard du parvis. L’accès de service à la cuisine se fait à niveau depuis la rue latérale.
L’ensemble des fonctions et accès techniques sont contenus dans les blocs situés à l’ouest du terrain, ils forment un ensemble vertical qui permet d’irriguer toutes les fonctions servantes tout en assurant une des trois assises structurelles du monolithe.
Le tapis, un trésor scénographique
La rupture de niveaux préexistant au projet est absorbée par une succession d’étagements minéraux ce qui permet de mettre en contact les différents niveaux urbains de la place et de l’avenue à travers un vide habité dans lequel flotte un tapis blanc, véritable place publique soulevée, lieu de transparence réciproque.
La Grande salle de spectacle est formée par un tapis blanc, souple et léger qui flotte délicatement au centre de la caverne.
Le tapis blanc comporte les 2/3 des places requises, il est constitué par une grille de podiums graduables qui permettent d’assurer une modularité scénique extrême.
Les sièges appartiennent à cette trame sont également amovibles et rétractables (Système breveté « GALA »). Cette disposition à pour objectif de rendre la totalité de cette surface polyvalente en créant une résille 3D déformable à volonté, support d’une multitude de configurations scéniques.
Le tapis est une feuille blanche quadrillée où toutes les expressions artistiques sont rendues possibles.
Le tapis repose sur une excroissance rocheuse constituée par la petite salle de spectacle. L’une de ses extrémités se recourbe légèrement pour se poser en souplesse sur un des cubes constituant la paroi minérale et fabrique ainsi le point d’entrée majeure à la salle.
Le foyer est un point de passage obligatoire, il est situé en léger contre bas de la grande salle mais sur le même niveau que l’avenue. Il est encastré dans le système massif en béton ocre rouge, à la fois protégé mais visible, sa situation permet d’être à l’interface de toutes les transparences visuelles traversant le projet.
Le 1/3 des places restantes est logé dans des tribunes en gradins suspendus dans la masse du toit de la caverne. Le plafond de la salle est modelé à l’aide de caissons acoustiques nappés de vermillon et d’or il scintille et éclate donnant à la salle un aspect précieux et chaleureux. La salle peut être occultée à l’aide d’une succession de rideaux blancs qui une fois abaissés isole la salle tout en créant un jeu d’ombre et de lumière permettant à la ville de ressentir les palpitations du spectacle.
L’oasis, l’avenir en culture
La partie supérieure de l’édifice est perçu depuis la strate basse de ville contemporaine comme un volume opaque et énigmatique. Pourtant, la cime d’un cèdre effleure le ciel et laisse deviner un ailleurs, un oasis creusé, entaillé dans la masse compacte du béton ocre rouge.
L’oasis est formé par une succession de jardins en terrasses qui dévoile une diversité botanique surprenante, mêlant à une végétation luxuriante, un grand bassin miroir du ciel.
Cette concavité verte joue le rôle de cinquième façade et s’offre au regard de la ville verticale de demain tandis qu’elle donne au projet une ligne d’horizon tendu sur le grand paysage.
La couronne périphérique est occupée par une épaisseur de circulation, permettant à la totalité des activités d’être orientées vers la respiration verte. Cette limite externe agit comme un véritable barrage visuel et acoustique contre le tumulte urbain, elle offre ainsi un endroit calme, frais et serein propice à la réflexion et à la construction d’un devenir culturel.
Les salles de travail et de formation ainsi que la cinémathèque s’enroulent autour du vide laissé par la cage de scène. Eclairées par de nombreux jardins arborés, un patio perfore même la totalité du volume afin d’offrir au hall un point d’éclairement zénithale.
La bibliothèque et l’administration sont logées au sud mais orientés au nord sur les jardins en gradins, ils bénéficient d’un havre de paix qui contraste avec l’ouverture sur la ville.